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    Lettre de Liaison n°111

    28 décembre 2019

    2019 : une année plaque tournante

     

    • Le siège de notre siège
    • Notre retrait du Sahel
    • Le basculement de paradigmes au Moyen-Orient
    • Nos munitions

     

     

    • 1 - Le siège de notre siège

    Il pleut depuis des semaines. Les terres sont sous l’eau. Ce ne sont pas de violentes montées des eaux, non, mais quelque chose d’insidieux, d’interminable, qui tombe du ciel sans discontinuer, et transforme le décor quotidien en bourbier. Les chemins sont tous devenus impraticables. Les cours de fermes sont dans la boue. Pire : il y a prolifération de rongeurs : de rats dans les bâtiments extérieurs, de souris, de mulots, dans les maisons. On se sent assiégés, jour et nuit, par les averses, les intempéries, et par ces dizaines de petits prédateurs qui s’infiltrent partout, dans les tiroirs des bureaux, dans les garde-manger, dans les armoires... Une seule cause pour tous ces effets : le réchauffement climatique.

    Le Nobel Jean Jouzel nous avait prévenus : « Nous allons griller à petit feu »… ou patauger les pieds dans l’eau, dans l’eau et la gadoue.

     

     

     

     

    • 2 - Notre retrait du Sahel

    Dans notre 109ème Lettre de Liaison de janvier 2019, nous annoncions un prochain retour au Sahel, après vingt ans d’absence (due en bonne part à notre engagement principal en Israël/Palestine). C’était une perspective joyeuse et fraternelle. De nouveaux puits à creuser, des arbres fruitiers à planter, des livres choisis à apporter aux instituteurs du village… Nous étions prêts.

    Sauf que, vingt ans après, le réchauffement global là-bas aussi a fait ses dégâts. La température de février 2019 était celle de mars-avril en 1999. Etouffante, infernale. Les infections se sont répandues : pulmonaire, intestinale, urinaire ; l’eczéma aussi. La situation sanitaire a empiré. Le paludisme a progressé – mais les autorités font silence, et ne réclament aucun des vaccins recommandés (fièvre jaune, méningite, hépatite B, typhoïde). Ayant eu à souffrir, entre 2000 et 2019, de dysenterie aigüe, d’infections pulmonaire et intestinale, urinaire sévères, d’eczéma aussi, nous ne pouvons conseiller le voyage à personne, ni envoyer de volontaires. Par ailleurs, dans la maison pour laquelle nous avons travaillé, la ration d’eau pour se laver était d’un litre (d’eau en bouteille) par jour. Le jeune Ivoirien parti en repérages pour nous en octobre 2018, qui n’a pas appliqué nos consignes, et a refusé tout traitement préventif anti-paludisme (malaria), en est revenu atteint par le paludisme.

     

     

     Nous avons fait refaire la margelle de notre premier puits, qui a été couvert d’une dalle, pour éviter tout accident. Trois beaux arbres fruitiers ont aussi été plantés chez la famille d’accueil (pamplemousse, oranger, mandarinier). Là s’arrête notre chantier pour 2019.

    Le Sahel n’a jamais été dans la définition statutaire de notre champ d’action. C’était une parenthèse.

       Quant à notre action auprès des maîtres d’école, une cinquantaine de livres choisis ont été remis au directeur de l’école de Saly Joseph. Giono, La Fontaine, Maathaï, Saint-Exupéry, Senghor, Malala, Voltaire, Victor Hugo, Prévert, Obama, Gandhi, pour l’essentiel. Encore faut-il qu’il y ait des hommes, des femmes, pour les utiliser, avec les écoliers… Dans la « salle culturelle » du village, sous une table, oubliée depuis longtemps, il y avait une caisse d’une quarantaine d’exemplaires du Petit Prince, apportés par un amoureux des livres, venu de France. Si c’est pour que ces livres, précieux à nos yeux, finissent sous une table…

     

       Enfin, voici vingt ans, nous avions acheté un champ d’un hectare pour une famille musulmane de S. Joseph, où fut creusé notre tout premier puits, équipé d’une pompe indonésienne. Un champ, deux chevaux, et une charrette toute neuve, peinte en rouge, pour transporter les produits du champ sur la côte, dans les hôtels. Vingt ans après, le puits était à sec, le champ démembré et non travaillé – quatre parcelles revendues (pour des bicoques), comme la charrette rouge, disparue. Les chevaux aussi ont été revendus, ou ils sont morts de mauvais traitements. Le champ voisin, lui, sert d’épandage aux ordures, aux déchets de plastique…

     

     

     

     

       

    Si c’était un phénomène récent, on le saurait. Mais le creusement de puits montre tragiquement combien le plastique s’est « enraciné » en terre, depuis une trentaine d’années. A un demi-mètre sous la surface, ou un peu moins, on trouve une épaisse couche, compacte, de détritus de plastique !

    Cette Afrique est une vaste poubelle à ciel ouvert, mais aussi une déchetterie souterraine, invisible.

     

    Il y a des solutions, comme le montre Christian Mwijage, à Dar-es-Salaam, avec sa création d’une start-up EcoAct, qui recycle les déchets plastiques en poutres de construction ! (Hors-Série Le Monde, Générations Climat, fin 2019). Encore faut-il une prise de conscience réelle, et active.

    Libre à chacun de penser que l’horreur du plastique en Afrique concerne avant tout les Africains, mais les Grands Vortex de Déchets, la Soupe Plastique dans les océans, ne connaissent ni continents, ni frontières…

     

     

       

    Sur ce Septième Continent, voir dans Wikipedia :

    Expédition 7ème continent.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Expédition_7e_continent

    Voir aussi le Great Pacific Garbage Patch, le Grand Vortex de Déchets du Pacifique (entre la taille de la France et celle de la Russie), sachant que l’Océan Pacifique n’est pas le seul concerné, l’Atlantique aussi

    Pour agir avec efficacité, si l’on osait braver les dangereuses conditions sanitaires, il faudrait une présence régulière sur place, faute de quoi autant vider des arrosoirs dans le désert !

     

     

    Et puis, il y a plus grave, peut-être, que l’aggravation générale au plan de la santé quotidienne, l’inondation de plastique et le réchauffement global : l’islamisation radicale, croissante, des populations. Par le biais des nouvelles mosquées, construites par des mouvements wahhabites, salafistes, qui propagent une doctrine binaire, exclusive, hostile à tout ce qui n’est pas strictement musulman.

    Prenez le cas d’une famille lambda de huit personnes : les parents, quatre filles, deux garçons de moins de 10 ans. L’endoctrinement permanent a désormais fracturé cette famille : l’homme mange seul dans sa case (servi par les femmes). Les femmes et les petits garçons mangent à part. Pour meubler sa solitude, l’homme mange en écoutant… une radio coranique. Il fait ses prières aux heures prescrites, ostensiblement, et tire fierté de son statut de « bon musulman ». Le même homme, vingt ans plus tôt, n’avait cure de tout ça. Les repas se prenaient tous ensemble, à l’infortune du pot, autour de la gamelle commune.

     

     

    Ajoutez à cela que les prêches en mosquée débordent volontiers du cadre religieux. L’imam commente comme il l’entend l’actualité. Or l’Opération Barkhane au Sahel ne contribue pas précisément au prestige de la France, qui fait cavalier seul dans cette affaire – avec le dérisoire renfort de trois hélicoptères anglais et de cinquante Estoniens.

    Comment quatre mille hommes, répartis sur un territoire de plus de 5 millions de kilomètres carrés – plus vaste que l’Union Européenne ! – peuvent-ils efficacement tenir le rôle de l’éternel gendarme français du Sahel ? On nous dit qu’ils auraient tué ou fait prisonniers quelques 600 djihadistes. La question est : combien cette présence en a-t-elle fait naître ? Combien de millions d’Africains radicalisés (au Sénégal comme au Nigéria, en Guinée, au Cameroun…) répètent-ils le refrain des Français « profiteurs, exploiteurs » ? Compliquant ainsi péniblement, ou rendant impossible tout travail humanitaire sur le moyen et long terme.

    Notre point-de-vue là-dessus est celui de l’o.n.g. Human Rights Watch : « Paris (…) prête beaucoup trop d'attention à l'aspect militaire de la lutte contre les djihadistes, pas assez au terreau qui l'alimente. ». Constat renforcé par la mise en garde d’un ex-ministre malien :

    « Le sentiment anti-français est à son paroxysme au Mali (…) Des théories du complot fleurissent partout. Bientôt, on accusera la France d’être responsable des inondations ! »

    Le chef d’état-major des armées françaises, le général Lecointre, lui, déclarait en 2018 :

    « Je ne pense pas qu'il soit possible de régler le problème au Mali en moins de dix à quinze ans, si tant est que nous le puissions. »

    Si tant est que nous le puissions

    Pour notre humble part, c’est d’un adieu au Sahel qu’il s’agit.

       

    Le cœur lourd, nous savons nos forces bien trop faibles pour vouloir persister dans une présence devenue aléatoire, et à fonds perdus, si ce n’est même périlleuse pour ceux qui s’y rendraient.

     

     

     

    • 3 - Le basculement de paradigmes au Moyen-Orient

     .../... en cours de rédaction

     

    Aghju lu core in pezzi

    Il est lourd le fardeau
    À 45 degrés
    On va y laisser la peau

    2043, I Muvrini  (Portu in Core)

     

     

     

     

     

     

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  • - What is your book about ?

    - Dunno, I can’t read. Usually I burn them

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    Amos Oz (1939-28/12/2018)

     

     

     

    Newsletter n°110

    December 15, 2019

    How can you be a pacifist in 2020?

     

    • 1 - The fatal half-hour

    “I’m no pacifist. I don’t believe in facing hate with love. You don’t fight hate with love, but with organizational ability, clear messaging, with determination and strength. You fight it in TV studios and on the battlefield. You fight it by telling the truth.”     Yair Lapid, Nov. 10, 2019

    These words by Yair Lapid, a candidate for political change in Israel next to Benny Gantz, were published in echo to a piece about antisemitism (An evening in France) which will be partly included here, soon.

    They raise a problem we have to confront, at a time so many Muslims divide the world between “Dar al-Islam : the territory of Islam” and “Dar al-Harb : the territory of war”.

    As Peace Lines, we have been involved in war zones, conflict zones, since the summer of 1993, from the Diamond Road to Sarajevo unto Gaza and Jerusalem today. The state of war, the practice of armed violence, we hate it, we denounce it with all our might, wherever we find it. Do read the writings of Jean Giono, Izzeldin Abuelaish, Jean Jaurès, Hannah Arendt, Stephan Zweig, on the matter.

    Yet, we are without any illusions on our way: the peace we want, whenever it faces hateful fanatics, war dogs, must be defended by force first. We lived through this in Bosnia, where our involvement would have been short-lived without the armed shield of the United Nations Protection Force, with the English and French generals Rose and Morillon at its head. We lived through this in Algeria again, where the National Popular Algerian Army, followed by organized patriots, could put an end to the terror installed by Islamic armed groups.

    In such contexts, we are no fancy pacifists, and never were.

    Once the fire has spread, as it did in the woodwork of Notre-Dame de Paris in April this year, what we need is powerful emergency brigades, fully equipped, instead of wishful thinking. At Notre Dame, there was a tragically lost half-hour, between the first alarm sent by captors at 18:20, on April 15, 2019, and 18:48, the time when the firemen were finally warned.

    That half-hour is what we are about, as Peace Lines.

    That half-hour is the emerged tip of a protective, preventive iceberg, needed to survive.

       

    At 18:50, it’s already too late. The worst is happening.

    Messengers of coexistence, of shared survival, we play the role of captors of dangerous abnomalies, of whistle blowers, in a world turned fragile due to global warming, crises, indifference, helplessness. We have no right to error.

     

    It is on the field that we turn into captors, through the front lines of the civil war in Bosnia, or in the crowded areas of Algiers, in Palestinian “refugee camps” (how long can you remain a refugee? Ten years? Twenty years? A lifetime?). On the field, not in the comfort of an air-conditioned office, reading articles online.

    The field truths, as we could see from Sarajevo and Belgrade to Jerusalem and Nablus, being almost always at the antipodes of what the mass media give us to gather, to understand.

    Thus, in Bosnia, in the heart of former-Yugoslavia, it did not take long to unmask the illusion of a gentle Islamic republic in the making. Like in Kosovo, we found out that, if there was “ethnical cleansing”, in the end, it was the Serbs’ being “cleansed”, as a forsaken minority.

    • 2 - A clear worldwide vision

    We were opposed to the French & British intervention in Libya in 2011, as we were opposed to foreign interventions in Syria, to the French intervention in Sahel from 2013 until now. Not out of a blind love for an elusive peace, but through rational lucidity: in Libya, in Syria, in Irak, the opening of Pandora’s interventionist box set far more monsters free (the birth of the Islamic State, endless destruction, floods of refugees…) than hypothetical benefits.

    If you really care to understand the schematics behind all these military interventions, you should consult with the famed Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), or with Wikipedia - their list of the world’s largest arms exporters.

    https://en.wikipedia.org/wiki/Arms_industry

    https://www.sipri.org/research/armament-and-disarmament/arms-transfers-and-military-spending/military-expenditure

    The United States, still running ahead, in 2018, with 41.5% of the market shares, followed by Russia (25%) and France (7%), for the head trio. Behind: Germany (5%), Spain and South-Korea (around 4.5%). Last, China (4%), the United Kingdom (3%), Israel (close to 3%) and Italy (2.4%). Such is the updated list of the worst war profiteers worldwide.

    Is there an evolution since the aftermath of World War II? Yes, some countries did leave the top ten of arms exporters from 1950 to 2017: the Czech Republic, the Netherlands. The English receded from the 3rd spot to the 8th, the Italians from the 7th to the 10th. Aren’t these political choices the reflection of a collective conscience of priorities, within each national community? Arms exports reveal the deep trends of a people, relatively to the death penalty collectively, to the spreadth of the killing techniques.

    We can still argue about the need of arms for the defence of a people, a land. This is another debate. Switzerland, Poland, Brazil, Canada, Thailand, without ever joining Costa Rica (which suppressed its army in 1949) show that defensive armed forces can be organized without dealing with the business of arms.

    • 3 - The personal implications of such a vision

    We are no helpless pacifists, for sure. Alarmed by the climate upheaval which exposes us all to multiple catastrophes, on every continent, regardless of how rich or poor the countries are, we are aware that our world is diving into a deadly spin, every year a bit deeper. Our world. Not the next neighbours’ world.

    We feel the need for ammunition, new non-lethal weapons, emergency tools.

    Sometimes, our burden seems to be more than we can wear. Even to think of it.

    Like an endless labour of going through an avalanche of information, sorting every bit of it.

    The last person who interviewed Martin Gray, the Warsaw Ghetto survivor, in 2014, Mélanie Loisel from Quebec, confessed without any fake shame, in her preface to their dialogue:

    “… I don’t know, and I am certain that I’m not the only one, I don’t know where to start, facing the challenges of our world (…) How can I put an end to all these internecine conflicts destroying human lives, families, peoples? How can I get human beings to live together without abusing each other?”

    We actually live through a permanent fog of data (tv channels, social media, mass media), which obscures our understanding most of the time, which obscures the putting in perspective of what lies ahead, of what we can do, above all.

    Then, we have to break these chains, this stifling, crippling routine.

    To break away, leave, run away, find oneself again at last.

    To leave without looking back, with a book, a pack on your back, or with bare hands.

    Towards an Elsewhere.

    Dare get there. On foot, like the film director Werner Herzog, who walked from Munich to Paris, through the winterland, for a friend in agony. Hitch-hike, jump a train, drive a car, or get on a plane, for those who can afford it.

    To unclutter one’s mind at last, to liberate oneself from voluntary servitudes and their denials.

    To set one’s priorities in order again.

    What do I truly need? How can I be of any help, irreplaceable?

    What am I able of? What can I transform in myself? In my rapport to others, to the world?

    What can I understand? Learn?

    What shall I be able to give those who will come next? How?

    “A dream you dream alone is only a dream. A dream you dream together is reality.” Yoko Ono, John Lennon’s love.

    An article in the French Le Monde, on December 13, “France of ‘islets’ of intellectual, political and spiritual resistance” puts it thus: “To think one’s life, but to live one’s thoughts as well.” To invent “ways of life to escape from individualism, consumerism, resist fatalism.”

    The ammunition, new weapons, the tools that we need, we shall find them through connecting to others – others who have already embarked on their way, and who are seeking, as well.

    The first mission of Peace Lines (call them Solidarity Lines, Trust Lines, Resilience Lines…) is to collect the sort of knowledge we need to see clearly through it all.

    Hence our library online, to follow up closely everything happening on our field, at the hinge between continents: Israel/Palestine. The Media Must Read section: all the news that’s fit to put into perspectives, in this unbelievable human kaleidoscope.

    http://www.peacelines.org/-a157253096

    Equally of interest, our crystal mine, the Hope section, devoted to everything happening in a constructive, promising way, between people, regardless of any labels.

    http://www.peacelines.org/other-voices-2017-c29043064

    http://www.peacelines.org/other-voices-2019-c30383998

    On December 14, 2019, our online library received 254 visitors, and 338 on November 30.

    Meaning more than 200,000 pages opened, by more than 71,000 visitors, since its creation in early January 2014.

    In the real world, the Library of the Future is being built at the headquarters of Peace Lines, somewhere East of the French capital, with over 7,000 volumes (history, philosophy, biographies, guides and maps, dictionaries, wisdoms, poetry, painters, graphic novels… films, musics…), and a formidable inventory in progress. For an upsurge, a renaissance of the Cartesian spirit, prolonged by the likes of Voltaire, Thoreau and Victor Hugo?

       

     

    • 4 - The two levels of peace (macrocosmos and microcosmos)

    In New York, on September 23, 2018, the now famous Greta Thunberg, barely out of her 9th grade, seized the microphone at the headquarters of the United Quarters.

    “I should not be here, I should be in school, across the ocean… How dare you? You have stolen my dreams and my childhood with your empty words (…) Whole ecosystems are collapsing, we’re at the beginning of a mass extinction, and all you talk about is money.”

    In Switzerland, in Davos, in November 2018, she addressed the political leaders gathered at the World Economic Forum, in these words:

    “I don’t want you to have hope (…) I want you to feel the fear I feel every day. And then, I want you to act as you would in the midst of a crisis. I want you to act as if your house were on fire, because it is.”

     

    Greta, with her eyes wide open, granted herself a sabbatical year before entering the 10th grade. She chose her priorities, assumed her freedom. “No one is too small to make a difference”. She took the relay from Severn Cullis-Suzuki, who was 12 when she got on stage at the World Summit, in Rio, in 1992; from Naomi Klein; from Christian Mwijage in Tanzania, with EcoAct, a start-up created to recycle plastic trash; from Ella and Amy Meek (13 and 15 years old) on the same tracks; from Jean Jouzel and Pierre Larrouturou…

    Jean Jouzel, co-laureate of the Nobel Peace Prize in 2007, with the International Group of Experts on the Evolution of Climate, is not one of the “catastrophists”. He says that “the collapse is not imminent. I rather see us slowly parching, frying à petit feu.”

    The matter advocated by Severn, Greta, Ella and Amy, Naomi, Christian, Jean and the others, is remarkably clear in its brutality:

    Our house is on fire. We’re gonna fry slowly. A petit feu. Each and every one.

    What do you choose to do, now, to protect us?

    Soon after the Rio World Summit, we were a handful to realize that a country hitherto a “model” for its neutrality between East and West, its “non-alignment”, was burning at our doors, imploding. We were a handful of volunteers in this immediate fire zone, to stop war there. With the decisive help, let it be said again, of the Blue Helmets of the United Nations, and of 33 Nobel laureates who carried our first campaign – The Zenica, Sarajevo Call to the combatants and leaders of former-Yugoslavia.

    http://www.peacelines.org/bosnia-1993-1996-c24711616

    Former-Yugoslavia, in Bosnia, was not frying à petit feu. The violence of the flames was frightful, grisly.

    Peace Lines was born there, across the front lines.

    Conscious that there are two sorts of peace within our reach: an external, objective peace, that of the macrocosmos, which is found in the silence of arms, the end of fighting, of the doomed ambulances. It requires a strong, collective involvement, until the final extinction of the flames. Not everybody has that type of energy.

    And an internal, real, profound peace, regardless of circumstances, of the environment, at our own, microcosmic level.

    Expectedly, they are connected.

    Rather than “How can you be a pacifist in 2020?” the question should be:” How can we be at peace in 2020?”.

    Honestly at peace with oneself, without any alibis, faux-fuyants, artifices. Without cheating yourself.

    There is no mystical night, no sudden revelation in this process. A better conscience of things, of rapports, comes slowly, with jerks, ups and downs.

    Some of us were favored by encounters that could not be expected, the family milieu, a profitable environment. Others, not so. The former carry a more obvious responsibility, as to what they do, what they transform, from what was proposed to them, offered, transfered.

    The philosopher Kant, in his short manifesto What is Enlightenment? radically accuses human laziness, and cowardice, whenever humanity sinks into renunciation and passivity. Let’s not credit him with more confirmations than necessary, all due to the weight of social determinisms.

    If children, teenagers of 12, 13, 15 and 16 are able of something else, so that this world remains breathable, we should bless their parents and teachers, but they might as well have prefered to do like the others, and play with their play-stations, their tiny networks.

    Comes a time, like an eternal return, of the crossroads, of the choices.

    We are not pretending that these are easy choices but, in Hölderlin’s words, where the danger grows also grows what will save you… Amos Oz, the fire watchman in the desert, departed for the stars on December 28, 2018, left us this smile : facing any disaster, there are always at least two options – either to scurry away, run your legs off, and let them burn who cannot run. Or else seize a bucket of water, pour it onto the flames. If you have no bucket, then a bottle. Without a bottle or a glass, then a teaspoon. “And yes, I know a teaspoon is little and the fire is huge, but there are millions of us and each one of us has a teaspoon.” He added that he would like to establish the Order of the Teaspoon, that those who share in the teaspoon attitude, not the runaway attitude, should walk around wearing a little teaspoon on the lapel of their jackets…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Lettre de Liaison n°110

    15 décembre 2019

    Comment peut-on être pacifiste en 2020 ?

     

    • 1 - La demi-heure fatale

    “Je ne suis pas pacifiste. Je ne crois pas que l’on puisse faire face à la haine par l’amour. On ne combat pas la haine avec l’amour, mais par la capacité à s’organiser, par des messages clairs, avec force et détermination. On la combat dans les studios des media et sur le champ de bataille. On la combat en disant la vérité. »       Yaïr Lapid, 10 nov. 2019

    Ces mots de Yaïr Lapid, candidat au changement politique en Israël aux côtés de Benny Gantz, ont été publiés en écho à un texte sur l’antisémitisme (Une soirée en France) dont nous publierons des extraits prochainement.

    Ils posent un problème qu’il faut bien résoudre, au moment où tant de musulmans divisent le monde entre « Dar al-Islam : terre d’Islam » et «Dar al-Harb :  territoire de guerre ».

    Messageries de la paix, Peace Lines, nous sommes en zones de guerre, de conflits, depuis l’été 1993, de la Route Diamant de Sarajevo à Gaza et Jérusalem aujourd’hui. L’état de guerre, l’exercice de la violence armée, nous le haïssons, nous le dénonçons de toutes nos forces, et où que ce soit. Prière de lire les écrits de Jean Giono, de Izzeldin Abuelaïsh, Jean Jaurès, Hannah Arendt, Stephan Zweig, à ce sujet.

    Pour autant, nous sommes sans illusions sur notre route : la paix que nous voulons, lorsqu’elle est confrontée à des fanatiques haineux, à des fous de guerre, doit être défendue par les armes d’abord. Nous l’avons vécu en Bosnie, où notre action n’aurait pas abouti sans le bouclier armé de la Force de Protection des Nations Unies des généraux anglais et français Rose et Morillon. Nous l’avons encore vécu en Algérie, à la fin des années 90, où l’engagement de l’Armée Nationale Populaire algérienne, puis des milices patriotiques, a pu mettre en échec la terreur instaurée par les groupes islamiques armés.

    En ce sens-là, nous ne sommes pas pacifistes de caricatures, et ne l’avons jamais été.

    Lorsque le feu a pris, comme dans la charpente de Notre-Dame de Paris en avril cette année, c’est de brigades d’intervention d’urgence, avec tout leur matériel, que nous avons besoin, plus que de vœux pieux. Il y eut, à Notre-Dame, une demi-heure tragiquement perdue entre la première alerte de capteurs à 18h20, le 15 avril 2019, et 18h48, moment où les pompiers furent enfin alertés.

    C’est cette demi-heure-là qui est notre affaire, aux Messageries.

    Cette demi-heure est la pointe émergée d’un iceberg protecteur préventif, dont tout dépend.

       

    A 18h50, il est déjà trop tard. Le pire est en route.

    Messagers de coexistence, de survie partagée, nous jouons le rôle de capteurs d’anomalies dangereuses, de lanceurs d’alarmes, dans un monde fragilisé par le réchauffement climatique, les crises, l’indifférence, l’inconscience. Nous n’avons pas le droit à l’erreur.

     

    C’est sur le terrain que nous nous faisons capteurs, à travers les lignes de front de la guerre civile en Bosnie, ou dans les quartiers populaires d’Alger, dans les « camps de réfugiés » palestiniens (combien de temps peut-on rester un « réfugié » ? dix ans ? vingt ans ? à vie ?). Ce n’est pas dans le confort d’un bureau climatisé, par la lecture des gazettes électroniques.

    Les vérités du terrain, nous l’avons constaté partout, de Sarajevo, Belgrade, à Alger, Jérusalem, étant presque toujours aux antipodes de ce que les mass media donnaient à voir, à entendre.

    Ainsi, en Bosnie, nous avons tôt démasqué l’illusion d’une gentille république islamique en gestation au cœur de l’ex-Yougoslavie, comme au Kosovo nous avons constaté que, s’il y avait « épuration ethnique », à la finale, c’était celle des minoritaires serbes, non des majoritaires.

    • 2 - Une vision précise au niveau mondial

    Nous étions opposés à l’intervention franco-britannique en Libye en 2011, comme nous étions opposés aux interventions étrangères en Syrie, à l’intervention française au Sahel de 2013 à maintenant. Non par amour aveugle d’une paix élusive, mais par lucidité rationnelle : en Libye, en Syrie, en Irak, l’ouverture de la boîte de Pandore interventionniste a libéré bien plus de monstres (naissance de l’Etat Islamique, ravages sans fin, cohortes de réfugiés…) que de bienfaits hypothétiques.

    Si vous voulez vraiment comprendre la logique de toutes ces interventions armées, reportez-vous au classement des pays exportateurs d’armements, par le réputé Institut International de Recherche pour la Paix à Stockholm (SIPRI).

    Etats-Unis toujours en tête en 2018 (avec 41,5% du marché), suivis par la Russie (25%) et la France (7%), pour le trio de tête. Derrière, l’Allemagne (5%), l’Espagne et la Corée du Sud (autour de 4,5%). Enfin, la Chine (4%), le Royaume Uni (3%), Israël (près de 3%), et l’Italie (2,4%). Voilà la liste à jour des profiteurs de guerres dans le monde.

    Y a-t-il une évolution depuis l’après seconde guerre mondiale ? Oui, certains pays sont sortis du top ten des vendeurs d’armes de 1950 à 2017 : la République Tchèque, les Pays-Bas. Les Anglais sont passés de la 3ème place à la 8ème, les Italiens de la 7ème à la 10ème. Ces choix politiques sont bien le reflet d’une conscience collective des priorités, à l’intérieur de chaque communauté nationale. Les ventes d’armes révèlent la tendance profonde d’un peuple, par rapport à la peine de mort collective, à l’exportation des techniques de mise à mort.

    On peut toujours argumenter de la nécessité d’armements pour la défense d’un peuple, d’une terre. C’est un autre débat. La Suisse, la Pologne, le Brésil, le Canada, la Thaïlande, sans s’être alignés sur le Costa Rica (qui a supprimé son armée dès 1949) démontrent que l’on peut disposer de forces armées défensives sans pour autant faire commerce des armes.

    • 3 - Les implications personnelles d’une telle vision

    Nous ne sommes pas pacifistes, non. Alarmés par le dérèglement climatique qui nous expose tous à des catastrophes multiples, sur tous les continents, quelle que soit la richesse ou la pauvreté des pays, nous avons conscience que notre monde part en vrille, chaque année un peu plus. Notre monde. Pas celui des voisins d’à côté.

    Nous sentons le besoin de munitions, d’armes nouvelles, non létales, d’outils d’urgence.

    Parfois, le fardeau nous semble trop lourd à porter. A envisager même.

    Comme un interminable travail de tri des informations en avalanche.

    La dernière personne à avoir interviewé Martin Gray, le survivant du ghetto de Varsovie, en 2014, la québecquoise Mélanie Loisel, le dit sans fausse honte en avant-propos de leur dialogue :

    « …je ne sais pas, et je suis certaine que je ne suis pas la seule, par où commencer pour relever les défis de notre monde. (…) Comment faire pour mettre fin à tous ces conflits fratricides qui détruisent des vies humaines, des familles, des peuples ? Comment faire pour que les êtres humains arrivent à vivre ensemble sans abuser les uns des autres ? »

    C’est que nous vivons dans un brouillard permanent de données (chaînes télévisées, réseaux sociaux, media), qui nous obscurcit l’entendement, et la mise en perspectives de ce qui nous attend, de ce que nous pouvons surtout.

    Alors, il faut rompre avec ces chaînes, cette routine étouffante, paralysante.

    Rompre, partir, fuir, se retrouver enfin.

    Partir sans se retourner, avec un livre, un sac sur le dos, ou rien dans les mains. Vers un Ailleurs.

    Oser y aller. A pieds, tel le cinéaste Werner Herzog, qui marcha de Munich à Paris, en plein hiver, pour une amie à l’agonie. En stop, en train, en auto, ou en avion pour ceux qui le peuvent.

    Se désencombrer enfin l’esprit, se libérer des servitudes volontaires et de leurs dénis.

    Remettre en ordre ses priorités.

    De quoi ai-je vraiment besoin ? A quoi suis-je utile, irremplaçable ?

    Que puis-je ? Que puis-je transformer de moi ? de mon rapport aux autres, au monde ?

    Que puis-je comprendre ? Apprendre ?

    Que vais-je pouvoir donner à celles, ceux qui viendront après ? Comment ?

    « Un rêve que tu rêves seul n’est qu’un rêve. Un rêve que tu rêves ensemble est réalité. » dit Yoko Ono, l’amour de John Lennon.

    Un article du Monde du 13 décembre, La France des « ilôts » de résistance intellectuelle, politique et spirituelle, le pose ainsi : « Penser sa vie, mais aussi vivre sa pensée. » S’inventer « des formes de vie pour échapper à l’individualisme, au consumérisme, résister au fatalisme ».

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/13/la-france-des-contre-societes-et-des-oasis_6022697_3232.html

    Les munitions, les armes nouvelles, les outils dont nous avons besoin, c’est au contact des autres que nous allons les trouver, des autres qui se sont déjà mis en chemin, et qui cherchent, aussi.

    La première mission de Peace Lines, de nos Messageries (de la paix, de la solidarité, de la confiance en soi, de la résilience…) c’est de collecter les connaissances utiles pour y voir clair.

    D’où notre bibliothèque virtuelle, pour suivre au plus près ce qui se passe sur notre terrain, à la charnière même des continents : Israël/Palestine. La section Media Must Read : toutes les nouvelles qui permettent de mettre en perspectives, dans cet incroyable kaléïdoscope humain.

    http://www.peacelines.org/-a157253096

    Mais aussi, notre mine de cristaux, la section Hope, consacrée à tout ce qui se passe de concret, de constructeur, de prometteur, entre les gens, quelles que soient les étiquettes.

    http://www.peacelines.org/other-voices-2019-c30383998

    http://www.peacelines.org/other-voices-2017-c29043064

    Le 14 décembre 2019 notre bibliothèque en ligne a reçu 254 visiteurs, et 338 le 30 novembre.

    Ce sont plus de 200.000 pages ouvertes, par plus de 71.000 visiteurs, depuis sa création début janvier 2014.

    Dans le monde réel, c’est la Bibliothèque du Futur qui se construit au siège des Messageries, quelque part à l’Est de la capitale française, avec plus de 7.000 volumes (histoire, philosophie, biographies, guides et cartes, dictionnaires, sagesses, poésie, peintres, bandes dessinées… films… musiques…), et un formidable inventaire en cours. Pour un regain, une renaissance, de l’esprit cartésien, voltairien, hugolien, dans ce qu’il a d’universel ?

     
     

    4 les deux niveaux de paix (macrocosme et microcosme)

    A New York, le 23 septembre 2018, la désormais célèbre Greta Thunberg, à peine sortie du collège, prend la parole au siège des Nations Unies.

     « Je ne devrais pas être là, je devrais être à l’école, de l’autre côté de l’océan… Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses.(…) Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse, et tout ce dont vous parlez, c’est d’argent… »

    En Suisse, à Davos, en novembre, elle s’adresse aux leaders politiques réunis au Forum Economique Mondial, en ces termes :

    « Je ne veux pas que vous ayez de l’espoir.(…) Je veux que vous ressentiez la peur que j’éprouve chaque jour. Et ensuite, je veux que vous agissiez comme vous le feriez au milieu d’une crise. Je veux que vous agissiez comme si votre maison était en feu, parce qu’elle l’est. »

       

    Greta, les yeux grand ouverts, a pris une année « sabbatique », avant d’entrer au lycée. Elle a choisi ses priorités, assumé sa liberté. « Personne n’est trop petit pour faire une différence ». Elle s’est fait le relais de Severn Cullis-Suzuki, qui avait 12 ans lorsqu’elle est montée à la tribune du Sommet de la Terre, à Rio, en 1992 ; de Naomi Klein ; de Christian Mwijage en Tanzanie, avec EcoAct, start-up de recyclage des déchets plastiques ; d’Ella et Amy Meek (13 et 15 ans), dans le même esprit ; de Jean Jouzel et Pierre Larrouturou…

    Jean Jouzel, co-lauréat du Nobel de la Paix en 2007 avec le Groupe International d’Experts sur l’Evolution du Climat, ne fait pas partie des « catastrophistes ». Il dit que « L’effondrement n’est pas imminent. Je nous vois plutôt griller à petit feu. »

    La question que nous posent Severn, Greta, Ella et Amy, Naomi, Christian, et les autres, a le mérite d’être claire dans sa brutalité :

    Notre maison est en feu. Nous allons griller à petit feu. Tous.

    Que choisis-tu de faire, maintenant, pour nous protéger ?

    Au lendemain du premier Sommet de la Terre marquant, nous avons été quelques uns à nous rendre compte qu’un pays jusque-là « modèle » par sa neutralité entre Est et Ouest, son non-alignement, était en train de brûler à nos portes, d’imploser. Nous avons été quelques uns à nous porter volontaires dans cette zone de feu immédiat pour y enrayer la guerre. Avec l’aide, il faut le rappeler, des Casques Bleus de l’ONU, et des 33 Prix Nobel qui ont porté notre première campagne – l’Appel de Zenica, Sarajevo, aux combatants et dirigeants de l’ex-Yougoslavie.

    http://www.peacelines.org/bosnie-1993-1996-c24712792

    http://www.peacelines.org/bosnia-1993-1996-c24711616

    L’ex-Yougoslavie, en Bosnie, ne grillait pas à petit feu. La violence de l’incendie était effroyable.

    De là sont nées ces Peace Lines, Messageries de la Paix (de la médiation, du désarmement).

    Conscients qu’il existe deux sortes de paix à notre portée : une paix extérieure, objective, du macrocosme, qui se traduit par le silence des armes, l’arrêt des combats, des ambulances de l’horreur. Elle demande un engagement fort, collectif, jusqu’à extinction totale des flammes. Tous n’en ont pas l’énergie.

    Et une paix intérieure, réelle, profonde, quelles que soient les circonstances, l’environnement, à notre échelle, microcosmique.

    En toute logique, elles sont reliées.

    Plutôt que « Comment être pacifiste en 2020 ? » il faut se demander : « comment être en paix en 2020 ? ». Honnêtement en paix avec soi-même, sans alibis, sans faux-fuyants, ni artifices. Sans tricher avec soi-même.

    Il n’est pas de nuit mystique, ou de soudaine révélation, dans ce processus. Une meilleure conscience des choses, des rapports, vient lentement, par à-coups, avec des hauts et des bas.

    Certain(e)s d’entre nous sont favorisés par des rencontres que rien ne laissait prévoir, un milieu familial, un environnement favorable. D’autres, non. Les premiers portent une responsabilité plus évidente, quant à ce qu’ils font, ce qu’elles transforment, à partir de ce qui leur a été proposé, donné, transmis.

    Le philosophe Kant, dans son petit manifeste Qu’est-ce que les Lumières ? met radicalement en cause la paresse humaine, et la lâcheté, lorsque l’humanité sombre dans le renoncement et la passivité. Ne lui donnons pas raison plus qu’il ne convient, par rapport au poids des déterminismes sociaux.

    Si des enfants de 12, 13, 15 et 16 ans sont capables d’autre chose, pour que ce monde reste respirable, sans doute ont-elles eu des parents remarquables, mais elles auraient pu aussi avoir envie de faire comme les autres, et jouer avec leurs play-stations, leurs petits réseaux.

    Vient le temps, comme un éternel retour, des croisées de chemin, et des choix.

    Nous ne prétendons pas que ce soit facile forcément, mais là où croît le péril croît aussi ce qui sauve…Amos Oz, guetteur de flammes dans le désert, parti dans les étoiles un 28 décembre 2018, nous a laissé ce sourire : face à toute calamité, il y a toujours au moins deux options – se sauver à toutes jambes, et laisser brûler ceux qui ne peuvent pas courir. Ou bien prendre un seau d’eau, et le verser sur le feu. Si vous n’avez pas de seau, alors un verre. Et si vous n’avez pas de verre, une cuiller à thé. « Oui, je sais qu’une cuiller à thé est petite et le feu est énorme, mais nous sommes des millions et chacun de nous a une cuiller à thé. » Il proposait de créer un Ordre de la Cuiller à Thé, et d’en porter à nos boutonnières…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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