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    Un peu d’archéologie de nos pratiques. Il y eut un premier appel de lauréats Nobel, très général, dans l’esprit de celui que nous avions lancé de Sarajevo, Zenica, Kiseljak : l’Appel de Ramallah, Nazareth, Jérusalem, paru dans le Monde Diplomatique en décembre 2000 (co-signé par 12 Nobel et une demi-douzaine d’organisations israéliennes et palestiniennes).

    Israël - Palestine

     

     

     

    Suivi d’un second, plus précis, exigeant, l’Appel à la Paix par la Justice (« Les colonies reconnues comme sources d’iniquité et de haine doivent être évacuées sans violences. »), co-signé par 17 Nobel et 7 députés européens, publié par le Monde le 9 mars 2001.  

    En 2005, lorsque Ariel Sharon applique, littéralement, cet appel, en faisant évacuer toutes les colonies de Gaza, et les deux les plus au Nord de Cisjordanie, dans le secteur de Jénine, nous lançons un troisième appel, de soutien aux dirigeants israéliens et palestiniens, la Campagne Contre la Terreur, et Pour le Sens Commun, avec 69 Nobel, 97 députés européens, et des personnalités : Isabelle Adjani, John Mayall, Hugues Aufray, Maud Fontenoy (qui traversa les océans à la rame), Loïc Leferme (recordman d’apnée à -171m), Jean-Bernard Bonnet (recordman de saut en altitude à 11.000m), les astronautes Edgar Mitchell (qui marcha sur la Lune en 1971, Alan Shepard était à bord d’Apollo 14 aussi, second Américain à voyager dans l’espace en 1961), Russell Schweickart (Apollo 9), Jean-François Clervoy, Umberto Guidoni (aussi député européen)…

     

    Israël - Palestine

     

    On remarque une erreur du Monde, qui prive Arvid Carlsson de son Prix Nobel de Médecine (2000) et le classe parmi les eurodéputés.

    Ce sont donc bien 17 Prix Nobel sur cet Appel, et 7 parlementaires européens.

    Aussi, l'ex-parlementaire finnoise se nomme Piia-Noora Kauppi.

    Entre 2006 et 2007, après le choc de la guerre du Liban et de Gaza (été 2006), nous avons compris que la France seule (ou une quelconque « puissance européenne » par elle-même, Allemagne, Pologne, Italie, ou Grande-Bretagne) était désormais objectivement hors-jeu, sans impact durable, et que les Nobel, réduits à leurs propres forces, ne feraient pas le poids comme ils l’avaient fait en Bosnie en 1995 (à 33) et en Algérie en 1998 (à 68).

    Nous sommes alors devenus européens, après de premiers soutiens individuels en Allemagne, en Belgique, et en Lituanie en 2006, avec notre 5ème Campagne depuis l’an 2000, Ouvrez les Portes, lancée en 2008, et toujours en cours. Forts des 97 députés rassemblés en 2005 après l’évacuation de Gaza (Contre la Terreur, Pour le Sens Commun), nous avons, littéralement, découvert l’Europe.

    L’Europe dont nous avions besoin comme puissance, et qui, elle, avait besoin d’en finir avec les marques, traumas de son passé suicidaire, dévastateur à l’échelle de deux guerres mondiales, antisémite/exterminateur à l’intérieur et esclavagiste à l’extérieur cinq siècles durant (du 14ème au 19ème).

    Nous apprenions cette Europe, nouvelle à nos yeux, avec curiosité, fascination. Tant de questions :

    • Pourquoi la France était-elle aussi nettement en tête, avec 24 signataires, devant la Grande-Bretagne (12), la Belgique (9), l’Allemagne (7) ?
    • Qu’est-ce qui pouvait expliquer la faible représentation de pays aussi importants que l’Espagne (4), la Suède (3), l’Italie (2), la Pologne (1) ?
    • Comment comprendre l’absence totale de la Grèce ? de la Slovaquie ? de la Roumanie et de la Bulgarie, qui venaient de rejoindre l’Europe au 1er janvier 2007 ?
    • Quels pouvaient être, hors de France, nos foyers d’expansion ? Selon quelles lignes de force ?             

    Strasbourg, Bruxelles, sont devenus nos ports d’attache, d’ancrage, nos recours.

     

    Appel des Nobel contre la terreur, pour le sens commun 

     

    Parce que nous sommes tous des êtres humains,
    Parce que nous sommes horrifiés par ce gâchis sans fin de vie humaine au nom
    d’une nation ou d’une religion – de 400 tués en 2001 à plus de 4000 maintenant,
    Parce que nous refusons la logique des pactes de sang et toute terreur,
    Nous saluons de tout cœur le courage des dirigeants et citoyens israéliens et
    palestiniens qui avancent audacieusement sur la voie de la justice et du sens commun.
    « Sur le chemin de la vie, quelqu’un doit avoir assez de bon sens et de moralité
    pour couper la chaîne de la haine » (Martin Luther King)
    Le monde est à votre écoute, avec de profondes espérances. Nous sommes à vos côtés.
    Quels que soient les obstacles à venir, tout ce que vous accomplissez dans le
    sens de la paix, de la justice, et de la non-violence, profitera à l’humanité toute entière.
    Plus que jamais, nous nous abreuvons aux mêmes sources, nous respirons le même
    air, et partageons la même Terre !

    11 Prix Nobel de la Paix: Carlos Belo (Timor, 1996), le Dalaï Lama (Tibet, 1989), Pdt F.W. de Klerk (Afrique du Sud, 1993), Shirin Ebadi (Iran, 2003), Mairead Maguire (Irlande, 1976), Adolfo Perez Esquivel (Argentine, 1980), Joseph Rotblat (Pologne, 1995), Desmond Tutu (Afrique du Sud, 1984), Cora Weiss (I.P.B., 1910), Betty Williams (Irlande, 1976), Jody Williams (USA, 1997).

    16 Prix Nobel de Médecine: Baruj Benacerraf (USA, 1980), Günter Blobel (Allemagne, 1999), Stanley Cohen (USA, 1986), Christian de Duve (Belgique, 1974), Jean Dausset (France, 1980), Edmond Fischer (USA, 1992), Roger Guillemin (France, 1977), Louis Ignarro (USA, 1998), François Jacob (France, 1965), Eric Kandel (USA, 2000), Arthur Kornberg (USA, 1959), Edwin Krebs (USA, 1992), Ferid Murad (USA, 1998), Richard Roberts (GB, 1993) , Donnall Thomas (USA, 1990), Torsten Wiesel (USA, 1981)

    23 Prix Nobel de Chimie: Peter Agre (USA, 2003), Paul Berg (USA, 1980), Thomas Cech (USA, 1989), Elias Corey (USA, 1990), Robert Curl (USA, 1996), Johann Deisenhofer (Allemagne, 1988), Manfred Eigen (Allemagne, 1967), Richard Ernst (Suisse, 1991), John Fenn (USA, 2002), Herbert Hauptman (US, 1985), Alan Heeger (USA, 2000), Dudley Herschbach (US, 1986), Avram Hershkoff (Israël, 2004), Roald Hoffmann (US, 1981), Sir Aaron Klug (GB, 1982), Sir Harold Kroto (GB, 1996), Jean-Marie Lehn (France, 1987), William Lipscomb (US, 1976), Rudolph Marcus (USA, 1992), Mario Molina (Mexique, 1995), Douglas Osheroff (US, 1996), Jens Skou (Danemark, 1997), John Walker (GB, 1997)

    14 Prix Nobel de Physique: Zhores Alferov (Russie, 2000), Georges Charpak (France, 1992), Jerome Friedman (USA, 1990), Pierre-Gilles de Gennes (France, 1991), Vitaly Ginzburg (Russie, 2003), Donald Glaser (USA, 1960), Sheldon Lee Glashow (USA, 1979), Gerardus ‘t Hooft (PaysBas, 1999), Klaus von Klitzing (Allemagne, 1985), Leon Lederman (USA, 1988), Tony Leggett (USA, 2003), Heinrich Rohrer (Suisse, 1986), Jack Steinberger (Suisse, 1988), Franck Wilczek (USA, 2004)

    3 Prix Nobel d’Economie: Daniel Kahneman (Israël, 2002), Robert Mundell (USA, 1999), George Akerlof (USA, 2001)            

    2 Prix Nobel de Littérature: Wole Soyinka (Nigeria, 1986), Günter Grass (Allemagne, 1999)

     

    97 Députés européens

    France : Kader Arif, Marie-Hélène Aubert, Roselyne Bachelot, Jean-Marie Beaupuy, Jean-Luc Bennahmias, Bernadette Bourzai, Marie-Arlette Carlotti, Françoise Castex, Jean-Marie Cavada, Paul Marie Couteaux, Adeline Hazan, Marie Anne Isler Beguin, Anne Laperrouze, Bernard Lehideux, Marie-Noëlle Lienemann, Alain Lipietz, Philippe Morillon, Martine Roure, Michel Rocard, Tokia Saïfi, Margie Sudre, Ari Vatanen, Yannick Vaugrenard, Christine de Veyrac

    Royaume-Uni : John Bowis, Sharon Bowles, Bairbre de Brun, Chris Davies, Sajjad Karim, Caroline Lucas, Sarah Ludford, Elizabeth Lynne, Bill Newton Dunn, John Purvis, Phillip Whitehead, Diana Wallis, Terence Wynn

    Belgique : Ivo Belet, Frieda Brepoels, Jean-Luc Dehaene, Véronique de Keyser, Gérard Deprez, Raymond Langendries, Dirk Sterckx , Marc Tarabella, Anne Van Lancker

    Allemagne : Alexander Alvaro, André Brie, Jo Leinen, Bernd Posselt, Heide Rühle, Cem Ozdemir, Gabriele Zimmer

    Espagne : Maria Badia i Cutchet, David Hammerstein Mintz, Bernat Joan i Mari, Elena Valenciano Martinez-Orozco

    Pays-Bas : Edith Mastenbroek, Margrietus van den Berg, Elly de Groen-Kouwenhoven

    Lituanie : Vytautas Landsbergis, Justas Paleckis, Rolandas Pavilionis, Aloyzas Sakalas

    Irlande : Avril Doyle, Liam Aylward, Proinsias de Rossa, Jim Higgins

    Portugal : Ana Gomes, Maria da Assunçao Esteves, Miguel Portas

    Lettonie : Rihards Piks, Georgs Andrejevs, Tatjana Zdanoka

    Suède : Anders Wijkman, Anna Hedh, Hélène Goudin

    Estonie : Marianne Mikko, Siiri Oviir, Tunne Kelam

     République Tchèque : Jana Hybaskova, Jaroslav Zverina

    Slovénie : Romana Jordan Cizelj, Mihael Brejc

    Chypre : Ioannis Kasoulides, Adamos Adamou

     Hongrie : Edit Herczog, Csaba Sandor Tabajdi

    Italie : Luisa Morgantini, Umberto Guidoni

    Finlande : Satu Hassi, Piia-Noora Kauppi

     Luxembourg : Erna Hennicot-Schoepges

     Pologne : Grazyna Staniszewska

    Danemark : Margrete Auken

    Autriche : Karin Resetarits

    Malte : Louis Grech

    Personnalités : Sulaiman Al Hamri (Coordinateur palestinien des Combatants for Peace), Zohar Shapira (Coordinateur israélien des Combatants for Peace), Isabelle Adjani, Hugues Aufray, Maud Fontenoy (l’Atlantique, et le Pacifique à la rame) , Prof. Albert Jacquard, Jack Lang, John Mayall, Edgar Mitchell (Astronaute, Apollo 14), Russell Schweickart (Astronaute, Apollo 9), Jean-François Clervoy (Astronaute européen), Umberto Guidoni (Astronaute européen), Jean-Bernard Bonnet (Parachutiste, record mondial d’altitude à 11.000 m), David Huyse (World Team Parachutistes 2004-2006), Adam Rice (Chief Operating Engineer, Breaking the Ice), Loïc Leferme (record mondial d’apnée No-Limits à – 171 m)

    Avec les Meilleurs Vœux de : Lance Armstrong, Pdt Bill Clinton, Bob Geldof

     

    En 2007, nous avons entrepris une 4ème Campagne, avec 22 Nobel, pour la libération du Dr Al Shaer, libéré en 2006, puis ré-arrêté. Campagne comme on dit couronnée de succès, puisqu’il est de nouveau libéré, cette fois durablement. Ses collègues parlementaires, eux, restaient détenus pour la majorité, rendant ainsi impossible le fonctionnement du Conseil Législatif (Parlement) Palestinien.

       

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    DES DEUX COTES DE LA FRONTIERE : Sderot (Israël) et Gaza (Palestine)


    Une petite ville israélienne près de la frontière de Gaza

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    Sderot est une petite ville israélienne de 24.000 habitants (en gros une moitié d'immigrants du Maroc, l'autre de l'ex-Union Soviétique), située à moins de 1.500 mètres de la frontière avec la Bande de Gaza. Elle a été fondée en 1951 sur une terre qui appartenait aux villageois palestiniens de Najd qui ont été expulsés vers la Bande de Gaza en mai 1948.

    Sderot est une ville qui a été abandonnée par 1 sur 5 de ses habitants, en raison de leur peur des roquettes tirées depuis la région de Beit Hanoun, de l'autre côté de la frontière. Le Dr Adriana Katz, du Centre Médical de Sderot, rapporte que plus des trois-quarts des habitants de Sderot souffrent du syndrôme de stress post-traumatique - ce que la plupart des observateurs ignorent ou considèrent comme insignifiant, comparé à l'intensité des dommages infligés à Gaza en riposte aux tirs de roquettes. Pour de nombreuses personnes Sderot est devenue une ville fantôme, qui n'existe plus réellement. Personne ne veut se rendre à Sderot.

    C'est précisément là où nous intervenons, en tant que volontaires, humanitaires, dont le but est de comprendre, d'alléger les souffrances humaines. Sans préjugés, ni partis pris, avec seulement la volonté d'entendre tout ce que les gens avaient à dire, l'une d'entre nous, en décembre 2007, a finalement décidé qu'elle devait y aller, voir de ses yeux, et a pris le bus de Jérusalem à Ashkelon, et de là à Sderot. Elle a parcouru la ville autant qu'elle l'a pu, de la Mairie à l'usine de bougies, au marché, et chez des particuliers. Dans l'une des rues, une équipe de cameramen était en train de filmer une maison en partie détruite par une roquette qui venait d'être tirée la veille (photos ci-dessus). L'instant d'avant, la mère et une de ses filles se trouvaient dans la cuisine.  Blessées, en état de choc, elles ont été hospitalisées.

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    Vie quotidienne à Sderot : Depuis que la première roquette a été tirée sur la ville, le 25 août 2005, trois jours seulement après qu'Israël ait évacué ses derniers ressortissants/colons de la Bande de Gaza, on trouve des abris un peu partout. Même les abri-bus ont été transformés, ainsi que la toute nouvelle gare, inaugurée le 24 décembre 2013, construite "à l'épreuve des roquettes". Chaque fois que retentissent les sirènes d'alarme, selon le "Code Rouge", les gens ont entre 7 et 15 secondes pour rejoindre un abri. Affirmer, à Gaza et ailleurs, que ces roquettes ne sont pas guidées, et qu'elles sont inefficaces, c'est compter pour rien les treize habitants de Sderot qui ont été tués par ces roquettes, et les douzaines de blessés depuis 2005. Que se passera-t-il le jour où l'une de ces roquettes explosera dans un jardin d'enfants, ou au marché, comme cela est arrivé à Sarajevo (les massacres de Markalé, en février 1994 et août 1995) ?

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    Avril 2011, un soir, nous marchions dans Sderot, lorsqu'une vision sombrement familière m'apparut, gravée dans l'asphalte, qui me renvoyait aux jours terribles de Bosnie où les granata pleuvaient du ciel, et où l'on trouvait de telles formes en creux partout dans les rues. Les étudiants qui m'accompagnaient se contentèrent de hausser les épaules : pour eux, c'était si banal qu'ils ne s'en rendaient même plus compte.

    Comment peut-on vivre dans un tel stress et prétendre que ce n'est rien ? L'instant où un obus de mortier de 120 mm, ou une Qassam de 40 kilos, avec son ogive explosive de 10 kilos, explose au sein d'un groupe, les deux parties sont condamnées : au-delà de l'état des victimes et des témoins, tous sont ciblés, non seulement ceux qui ont tiré, mais tout l'ensemble humain autour d'eux, comme on l'a vu en Bosnie, encore, dans l'ultime confrontation entre Serbes et Bosniaques en 1995.  A Sderot, la cour du commissariat de police est remplie de douzaines de ces fusées explosées, datées et empilées sur des étagères métalliques (ci-dessus). Le chiffre de 1.628 roquettes Qassam et obus de mortier est donné, sur une période de 8 mois (soit une moyenne quotidienne de 6), de juin 2007 à février 2008. 

    Les roquettes sont aveugles, les roquettes sont contre-productives. De la première goutte de sang versé à la dernière, ce sont des êtres humains, des deux côtés, qui paient le prix de ces spéculations et stratégies du talion. Notre conviction est qu'il faut en finir. Pour citer le maire de Sderot en mai 2011, David Buskila : "Croyez-moi, jeme sens mal pour mes enfants, pour les enfants qui vivent à Sderot, mais j'éprouve aussi de la douleur pour les enfants qui vivent de l'autre côté de la frontière, à Gaza... Nous pouvons créer une autre qualité de vie, c'est si près!"

    "Puisque la guerre commence dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que les défenses de la paix doivent être construites." Constitution de l'UNESCO, 1945. Pour construire les défenses de la paix, et "créer une autre qualité de vie", une chose manque toujours, dans les systèmes éducatifs : nourrir l'esprit des enfants, des adolescents, des jeunes adultes, leur apporter les aliments, et les outils qui leur permettent de se renforcer réellement, de conquérir la peur, et de développer un sens plus élevé de solidarité créatrice et d'humanité.

     

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    De l'autre côté de la frontière

     

     

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    "Messieurs, arrêtez de tirer des roquettes!" plaidait le Président Shimon Peres fin 2008, après une recrudescence de roquettes à partir de la Bande de Gaza. A l'appui de cette demande, l'Opération Plomb Fondu fut lancée, avec un bilan de 1.400 morts palestiniens (dont les noms sont gravés sur le mur, photo de droite ci-dessus) et des blocs entiers rasés. Mahmoud Mattar, 14 ans alors, venait de quitter son domicile pour se rendre à la boulangerie. Un missile a explosé devant lui. Gravement brûlé au visage, il a perdu la vue. 

    Comme on le voit sur la première photo (prise en avril 2011), un grand nombre de bâtiments et de maisons n'ont pu être reconstruits, par manque de fonds, de ciment, de barres de fer.

    En termes de proportions, le rapport global des pertes en 2008-2009 était d'1 Israélien pour 100 Palestiniens. Comparé aux 140.000 victimes en Syrie (Damas est à moins de 300 km de Gaza), le chiffre des pertes palestiniennes s'est graduellement effacé, comme si l'horreur n'était affaire que de chiffres. Comme si 1 comptait pour 0, et 1.000 presque 0.

     

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    Aussi singulières que ces photos puissent sembler de l'extérieur, elles témoignent de notre travail à Gaza - et ces citatiuons de notre "petit livre rouge", L'esprit de Luther King, ont été affichées sur les murs d'un lycée de garçons à quelques kilomètres de la frontière (Chajayah).

     

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    Le mieux encore, est que ces photos ont été prises des mois après que j'eus quitté Gaza. Nos amis là-bas avaient pris les choses en mains, coûte que coûte. Sans doute peut-il sembler surréel de commencer notre Programme Bilingue avec le Nobel de la Paix Martin Luther King, compte-tenu du niveau de séparatisme et de violence entre les communautés israélienne et palestinienne au fil des ans. Cependant, il faut bien commencer quelque part, et, pour reprendre la formule du Dr King, "quelqu'un doit avoir assez de sens commun et de moralité pour faire sauter la chaîne de haine et la chaîne du mal dans l'univers."

    Comment au juste on y parvient sur le long terme est une autre histoire, inachevée à ce stade, vu que nous attendons encore un autre permis pour retourner à Gaza, à cette date du 9 février 2014. Si un train flambant neuf relie Tel Aviv à Sderot depuis quelques semaines, il n'y a pas de train pour se rendre à Gaza, d'où que ce soit, non plus que de bus, et encore moins d'avions. Une fois que vous obtenez le providentiel permis, il faut trouver un taxi pour vous conduire au seul point de passage entre Israël et la Bande de Gaza, pourvu que vous ayez également un permis des autorités de Gaza pour y pénétrer.

     

    1 million 800.000 personnes vivent dans cette enclave de seulement 360 kilomètres carrés (à peine plus que la surface de Washington D.C.). 64,4% des Gazaouis ont moins de 24 ans, et seulement 2,6% plus de 65 ans. L'âge médian est de 18 ans, et 40% des moins de 24 ans sont au chômage. 40% des habitants y vivent sous la ligne de pauvreté. Le PNB par habitant est autour de 2.200 € (3.000 $). Signifiant que l'on y survit, en moyenne, avec 180 € par mois. 

    L'analphabétisme parmi les jeunes y est étonnamment bas pourtant (1%). On compte 640 établissements scolaires dans Gaza (383 établissements publics, 221 établissements de l'UNRWA, et 36 privés) pour un total de 440.000 élèves et étudiants; 5 universités et 8 nouvelles écoles sont en construction (source UNRWA).

     

    Vie quotidienne à Gaza (entre les opérations militaires) : Depuis le début du siège de Gaza, que l'on peut situer fin juin 2006, lorsque le sergent Shalit fut capturé, la Bande de Gaza a été exposée à six opérations militaires. Leurs noms de code : Pluies d'Eté (l'été 2006 jusqu'en septembre), Nuages d'Automne (octobre-novembre 2006), Hiver Chaud (février 2008), Plomb Fondu (décembre 2008-janvier 2009), Pilier de Nuage (novembre 2012), et celle en cours, Puissante Falaise (renommée Bordure Protectrice dans les media), en juuillet-août 2014.

    Le bilan total des cinq premières opérations s'élève à plus de 2.000 tués chez les Palestinians (dont 1.400 entre fin 2008 et début 2009) et 26 chez les Israéliens.

    A la fin août 2014, on comptait 2.192 tués chez les Palestiniens (dont 1.523 civils, parmi lesquels 519 enfants - 70% d'entre eux âgés de moins de 12 ans), 72 chez les Israéliens (dont 66 soldats et officiers). 469 soldats et officiers israéliens ont été blessés, et 87 civils. Source : U.N. OCHA. Côté palestinien : 11.000 blessés, selon le Ministère de la Santé à Gaza. Sur notre chemin, des hôpitaux aux salles de classe, les blessés représentent toujours le noyau dur de la douleur parmi les enfants et les adolescents, la population en général.

    Sans mentionner les troubles post-traumatiques, pour lesquels peu de services sont ouverts, et qui affectent tout un chacun, à des degrés divers. Comment parler de "vie quotidienne" à Gaza, entre les Pluies d'Eté, les Nuages d'Automne, les Hivers Chauds, et autres formes assorties de climatologie militaire ?

    Pour les cinq premières opérations réunies, près de 7.000 personnes ont été blessées à Gaza, 587 pour la partie israélienne.

    Un fait trop souvent ignoré : la population de Gaza se compose de 800.000 enfants de moins de 14 ans, et de 400.000 jeunes entre 15 et 24 ans. Soit les deux-tiers des 1 million 800.000 habitants.

    Notre conviction : c'est là que se joue la bataille pour la justice, la liberté, la dignité (c'est-à-dire "la paix") : parmi ces deux-tiers de la population. Par le travail sur des textes qui leur donneront la force, les moyens de briser les blocus psychologiques et intellectuels auxquels ils sont exposés.

     

     

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