• Bosnie                                    Bosnia 

    Au commencement, au printemps 1993, il y eut un article du reporter de guerre français, Jean-Paul Mari, qui informait ses lecteurs de l'existence dans Sarajevo assiégée d'un homme, Zlatko Dizdarevic, avec son équipe de journalistes, qui vivaient et travaillaient sous terre, dans les caves du siège d'Oslobodenje, quotidien yougoslave dont le bâtiment avait été réduit en ruines par l'artillerie ennemie.

     Il y eut aussi un convoi de participants d'une dizaine de nations (France, Pologne, Italie, Grèce, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Suède, Etats-Unis...) l'été 1993, réunis sous le sigle "MIR SADA" ("PAIX MAINTENANT"), qui avaient fait le serment de briser le siège de Sarajevo. Deux mille d'entre eux se rassemblèrent à Split, sur la Côte Dalmate, avec des camions, des bus, de simples véhicules de particuliers. La moitié d'entre eux atteignirent les premières lignes de front, sur les rives du Lac de Prozor en Bosnie Centrale, dans 120 véhicules et bus. Sur ce millier,  une soixantaine seulement tint l'engagement initial jusqu'à Sarajevo, à travers check-points et lignes de front, dans un car italien et moins de 10 voitures. Pour résultat : un premier cessez-le-feu prolongé - l'OTAN ne lança pas les frappes aériennes prévues - et cet été-là, on put croire que quelque chose était en train de bouger à Sarajevo, après 15 mois de siège.                                                                                                              Bosnie

     

     Nous n'avions même pas de cartes de l'ex-Yougoslavie... Peace Lines (les Messageries de la Paix) n'existait pas alors. Inutile de dire, nous étions sans budget, et savions qu'il n'y aurait aucune station service en zone de guerre... Nous savions seulement qu'il nous fallait revenir, que la Bosnie nous interpellait, que nous ne pouvions pas faire la sourde oreille. Nous avons démarré à zéro, nous avons dû mendier de tous côtés, jusqu'à ce que l'on fiisse par trouver un marchand de voitures d'occasion, dans sa petite cabane en bois au bord de la Nationale 4, qui fut le premier à nus confier un de ses Trafic Renault.  Ensuite de quoi, il fallut le remplir de caisses de nourriture, de médicaments, de bougies, de vêtements, de couvertures, de nombreux livres aussi, depuis que nous avions entendu le maire de Sarajevo, Muhamed Kreševljaković, nous avertir qu'ils en avaient assez, en dépit des rigueurs du siège, d'être traités comme "de simples tubes digestifs". Son autre avertissement concernait le fait que seulement 5% de l'aide humanitaire étrangère parvenait à la population. Le reste était détourné par les miliciens et les habituels profiteurs de guerre. Pour notre soulagement, au terme d'une vingtaine de convois, pas une seule de nos caisses, pas un kilo, ne furent jamais abandonnés à ces budala (trafiquants), ces voyous.

    De la Côte Dalmate à Sarajevo, on comptait une soixantaine de check-points, et il n'y avait qu'une seule piste de montagne pour relier la capitale bosniaque au reste du monde : la Route Diamant. Elle avait été ainsi nommée par les Britanniques de la Force de Protection des Nations Unies qui contrôlaient cette partie de la Bosnie.

     

     

    De l'autre côté de la montagne, on entrait dans Gornji-Vakuf en flammes, et il y avait encore une montagne à traverser, jusqu'à la Vallée de Lashva, où davantage de villes étaient sous le feu, à commencer par Novi-Travnik et Vitez. Sans doute Vitez était-elle la plus étrange de toutes, puisque en son sein vous aviez Stari-Vitez (le Vieux Vitez), quartier musulman, assiégé par le reste de Vitez (Croates catholiques), eux-mêmes attaqués par l'Armée Musulmane de Zenitsa, avec leurs auxiliaires redoutés, les moudjahidine, des volontaires musulmans qui venaient par centaines... d'Afghanistan (il se dit que Ben Laden lui-même avait obtenu un passeport bosniaque en 1993, et que la Bosnie servait de terrain expérimental du jihad en Europe - cf. Unholy terror, de John R. Schindler, Zenith Press, 2007, pp. 123-124).

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    Mars 1994 : Notre première couverture médiatique au niveau national. Actuel, dirigé par Jean-François Bizot, secondé de Patrick Rambaud et Léon Mercadet, nous avait ouvert ses portes, et même payé les photos du reportage sur la Route Diamant : de quoi y repartir le mois suivant.

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