Lettre de Liaison n°103 : GAZA toujours
11 septembre / 11 décembre 2017
L’erreur ? Ce serait de croire que le double siège de Gaza (par Israël et l’Egypte) peut durer indéfiniment, sans les pires répercussions.
Gaza sans électricité, dans le noir… Gaza où les hommes creusent sans fin…
Photos prises à La Havane / à Gaza : désastre naturel (cyclone) / désastre fabriqué (11 ans de siège)
Combien de pays pensez-vous pouvoir situer sur cette carte, sur 28 ? sur 50 ?
Pour vous, Gaza (2 millions de personnes assiégées depuis 11 ans) est à quelle distance ?
Quelques chiffres, pour l’Europe envisagée comme un carré de 4.000 km de côté :
Gaza – Lisbonne : 4.000 km / Gaza – Sicile : 2.000 km / Gaza – Athènes : 1.200 km
Utsjoki (Finlande) – Lagos (Portugal) : 4.200 km / Utsjoki – Chypre : 3.900 km
Paris – Bucarest : 1.870 km / Amsterdam – Lisbonne : 1.870 km
Bruxelles – Alicante : 1.430 km /Dublin – Berlin : 1.300 km
De Chypre, 17ème état européen, Gaza est à 420 km.
Quelques données, pour comprendre le « conflit israélo-palestinien »
A gauche, la Palestine voici 2000 ans.
A droite : la surface « utile » en Israël-Palestine représente dans les 20.000 km carrés, territoires palestiniens inclus (6.000 km carrés), sans compter le désert du Negev.
|
Sur ces 20.000 kilomètres carrés (soit la superficie de la Région Parisienne et la Corse réunies), près de 11 millions de personnes vivent côte à côte (12 millions en Ile-de-France). 6,5 millions sont recensés comme juifs. 4,4 millions comme arabes – plus les 2 millions de Palestiniens qui, eux, vivent complètement isolés, enfermés dans la Bande de Gaza (sur 365 km carrés).
En Israël même, on recense près de 2 millions de Palestiniens, représentés à la Knesset par 13 députés (sur 120). Dans les Territoires Palestiniens 2,4 millions représentés par un Conseil Législatif de 132 membres, qui ne fonctionne pas depuis les élections de 2006 ; on y compte 600.000 juifs, dont 200.000 à Jérusalem Est.
|
|
Gaza-Ville est à 73 km de Bethléhem, 77 de Jérusalem.
Le risque immédiat ?
|
Tandis que les petites pensées parasites nous pénètrent sans cesse, nous assiègent sans trêve, nous, dans notre univers protégé, à Strasbourg, Londres, New-York, Bruxelles, ou Montmirail, le sentiment d’impuissance se répand d’un côté, la sensation d’iniquité se répand de l’autre.
Dans le métro de New-York ce 11 décembre 2017 ou dans cette épicerie Hyper Cacher martyrisée le 9 janvier 2015, faut-il toujours trembler intérieurement de se trouver « au mauvais endroit au mauvais moment » ?
|
L’alternative
En Israël, à l’été 2014, au cœur même de l’explosion fatale des forces à Gaza, des centaines de femmes ont décidé de sortir de ce long tunnel d’angoisse et de résignation. Ce sont des femmes ordinaires, de tous les âges, de tous les milieux, qui ont fait un choix extraordinaire, en conscience, simplement. Celui de ne plus se boucher les oreilles, de ne plus se voiler le regard. De ne plus se laver les mains de l’inhumain, en reportant toujours les problèmes sur les dirigeants politiques (qu’ils soient d’un bord ou d’un autre).
|
Elles ont décidé de prendre leur destin en mains, israéliennes, palestiniennes, juives, arabes, d’un credo ou d’un autre. C’est avec elles que nous, Messagers de Paix, nous marchons depuis l’automne 2016, leur première Marche de l’Espoir.
Sur cette étroite passerelle qui va de la désespérance et de l’inaction au partage et au mouvement, elles se sont mises en marche. Une poignée de femmes d’abord. Plus lucides ? Plus sensibles ? Elles ont décidé de se réunir, de se renforcer, de faire face, ensemble, et de briser le cercle vicieux des plaintes et du laisser aller.
|
|
|
Cela commence ainsi – dans un désert, un vide, ou un autre, qu’il soit de sable, de terre, ou de pierre. Malgré les attentats et leurs menaces, les sales nouvelles qui s’enchaînent, qui nous enchaînent. Nul n’est tenu de porter indéfiniment le même routinier fardeau.
Vient le temps d’une pensée autre, d’une voix différente, qui nous rejoint, et nous parle autrement : la vie ce n’est pas le bourrage de crâne quotidien, permanent, radios-télés et invasion sans fin du virtuel. Ce n’est pas de s’enfoncer dans le rôle de l’éternel spectateur affligé, ou blasé, des malheurs du monde.
|
|
|
A Jaffa, vers la fin de la seconde Marche des Femmes pour la Paix, nous avons retrouvé le personnage traditionnel d’Handala, bras croisés derrière le dos, tête basse. En chair et en os :
Mais ce n’était pas qu’à Jaffa qu’on le retrouvait, ce petit bonhomme funeste qui reste toujours les mains nouées derrière son dos, comme si elles étaient attachées. Un peu partout il nous suit à la trace, quand il ne se faufile pas dans notre proche environnement, puis en nous, au fond de nos pensées.
|
|
Women Wage Peace, les Femmes Artisans de Paix sont la réplique tant attendue aux relais de la passivité et du haussement d’épaules. A Jérusalem, en 2001, avec un ami y vivant, nous avions ce rêve, ensemble, d’une grande marche blanche, qui sillonnerait le pays, de ville en ville, pour la paix, le silence des armes. C’était impossible, tout était quadrillé de troupes, sous la menace omniprésente de kamikazes, de bombes, dans les bus, les cafés. Il aura fallu attendre 15 ans pour que ce rêve se réalise, que les Femmes Artisans de Paix lui donnent vie et corps enfin. Alors, rejoignez-les, sans remettre à demain, rejoignez-nous !
|
Les discours politiques, partisans, tenus par de vieux messieurs en habit, quels qu’ils soient, ne nous intéressent pas.
Nous ne prétendons ni refaire le monde, ni refonder l’Etat. Le dialogue des uns et des autres est ce à quoi nous tendons, de toutes nos forces. La Réunion Abrahamique, des cœurs et des esprits, face à face, sans intermédiaires, sans écrans.
|
|
Palestiniens, Juifs, « Aravim », « Yehudi », croyants, laïcs, que nous importe ? D’une confession ou d’une autre, d’une conviction ou d’une autre, la seule chose qui compte, c’est que nous vivons sur la même Terre, face aux mêmes périls climatiques, face aux mêmes enfants.
Rejoignez-nous ! |
|
Ici aussi :
Aidez-nous !
|
|
|